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Le Plumier
14 mars 2008

LA TERRE MAGNETIQUE

 moaisindex

Edouard Glissant est l'un de nos plus grands écrivains. Nobélisable peut-être. Mais à quatre-vingts ans ce maître à penser de la littérature antillaise et créateur de la "créolisation", cette ouverture sur le monde, peut-il souhaiter plus grand honneur que l'admiration des intellectuels d'outre-mer et des amoureux de notre langue?

Ses phrases sont fluides comme l'océan et ses mots sont des vagues qui viennent caresser les plages de notre mémoire comme autant de murmures emportés par le vent de la mer vers la terre magnétique.

C'est le titre d'un petit recueil paru en novembre 2007, "La terre magnétique" - "Les errances de Rapa Nui, l'Île de Pâques", au Seuil collection Peuples de l'eau qu'il dirige.

Ce sont ses commentaires de ce que rapportait Sylvie Séma sur sa découverte de l'Île, cette île accessible par seule voie d'eau, l'une des étapes du trois-mâts "La Boudeuse" allant à la rencontre de ces peuples isolés par l'infini océanique.

"Ce qui nous reste étonnant, quand on est arrivé dans l'île, c'est la massivité si franche des corps, races des statues, statures des hommes, principalement. Les femmes et les enfants seraient-ils tenus à l'écart d'une quête que nous ne savons pas?"

Ces statues, gardiens impressionnants tout autour de l'île comme pour la protéger d'hypothétiques envahisseurs, de quel mystère sont-elles, elles-mêmes, entourées? Comment le peuple de l'île, les moaï, les a-t-il sculptées et surtout transportées, implantées là tout au long des grèves?

"Brisés ou enfouis ou couchés ou relevés, intacts ou retenus dans leur matière à flanc du volcan Rano Raraku, ou rejetés comme dans une steppe par leur solitude désespérée, ou inclinés avec pathétique vers des lointains, les moaï dessinent le clair obscur de l'île, et la font voir selon."

Et cette terre infime perdue dans le Pacifique, qui lentement s'enfonce et se rapproche du continent, semblant vouée à la disparition comme inexorablement ses habitants, un temps peut-être cannibales, attirés désormais par l'immigration vers le Chili, à la fois négative et positive tel un aimant, cette terre infime est cette Terre magnétique dont le mystère demeure.

Ne cherchez pas réponse à l'énigme dans les phrases d'Edouard Glissant qui se déroulent comme les vagues, mais laissez-vous emporter vers le mystère comme un navire sur une mer tranquille.

Vous irez jusqu'au bout du voyage, vers la découverte de cette terre magnétique, attirante mais aussi repoussante par les moeurs dont firent sans doute preuve ses premiers occupants, ces exilés de la terre, ignorant tout jusqu'à la roue et qui pourtant érigèrent ces statues de démesure.

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