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Le Plumier
20 décembre 2008

Javert content?

JavertQue les éditions Plon se réjouissent, avec leur avocat, du grand succès obtenu auprès de la cour d'appel de Paris qui n'a pas donné raison à la famille de Victor Hugo, se comprend aisément. Plon va pouvoir vendre ses bouquins.
En revanche, en arriver au stade de devoir s'amarrer aux chefs d'œuvre de la littérature pour trouver de quoi noircir du papier, a quelque chose d'inquiétant quant à la santé de la dite littérature. Que de plus un auteur se prête à ce jeu me met mal à l'aise, même si je sais qu'on peut recruter des hommes de main pour les actions les plus généreuses comme les plus viles. S'il se fût agi d'un essai, d'une analyse, d'une thèse, passe encore, mais en l'occurrence c'est de romans dont on veut nous faire croire qu'ils sont la suite imaginée des Misérables.
Dès lors quel intérêt? Lorsque Victor Hugo a mis le point final à son œuvre, il avait écrit tout ce qu'il voulait dire et point n'était besoin d'y revenir, l'imagination de chaque lecteur faisant le reste. Ce qui est le propre de tout ouvrage qu'on referme, le mot fin permettant le libre cours de la pensée sans l'interférence de celle d'un autre dont on n'a que faire, ou d'en discuter entre amis dans un salon littéraire.
Que François Cérésa puisse imaginer la résurrection de Javert, après tout c'est son affaire, mais pas forcément celle d'un autre qui aura mieux compris le thème de la rédemption dans la pensée hugolienne s'exprimant dans la mort de l'inspecteur. Développer l'inverse c'est raisonner comme un potache plus avide de bandes dessinées que d'exégèse littéraire.
Après tout, s'il me prend l'envie d'écrire un prolongement, selon mon imagination, d'un ouvrage quelconque pour exprimer ma pensée, libre à moi, comme à quiconque d'ailleurs, mais sans cette outrecuidance de m'accoler à l'auteur, d'accrocher mon nom au sien comme un mollusque sur son rocher. Car de deux choses l'une, ou j'en espère publicité et retombée financière, et je m'en prévaux sans honte, ou je me dévalorise en tant qu'auteur, me présentant pompeusement ainsi, devenu météorite happée par la gravitation se désintégrant dans l'espace.
Que Cérésa intitulât ses bouquins, "Cosette, ou le temps des illusions" et "Marius ou le fugitif", en précisant qu'il s'agissait d'une libre interprétation, ou d'une fantaisie de sa part, eût été, à la rigueur, admissible, mais qu'il le fasse avec un bandeau annonçant "La suite des Misérables" est inconvenant et faussement racoleur.
Il n'y a et il n'y aura jamais de suite à aucun roman d'un auteur disparu. Il ne peut y avoir, dans ces circonstances, que bimbeloterie à usage de camelot grugeant le gogo.
Or on connaît le sort de ces babioles achetées sous la foi des boniments. Elles finissent dans un coin de grenier, oubliées de tous, car inutiles.

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Commentaires
P
dans une société qui nivelle par le bas, arase, aplanit, aseptise, l'art se traduit par une copie conforme de l'état d'esprit de ses contemporains. Navrant!<br /> <br /> Bises ma Mistou, plutôt humides ici, mais douces aussi.
M
"Il ne peut y avoir, dans ces circonstances, que bimbeloterie à usage de camelot grugeant le gogo."<br /> <br /> Et ma foi, Patrick, grugés et grugeant.. sont du même tonneau, non ?? Il en va déjà de même pour la musique, et depuis un certain moment, comme si la création et l'imagination de nos contemporains était vide et creuse.. Impression d'entendre toujours les mêmes mélodies. C'est l'époque.. ça passera.. ou ça cassera.. Mais dites moi, c'est en train de casser non ???<br /> <br /> Des bises, douces comme le temps qu'il a fait aujourd'hui :-)
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